Quelle est l’histoire des facades parisiennes ?

Une vue pittoresque de l'Île Saint-Louis à Paris, avec des bâtiments classiques de style européen avec des arbres le long des berges sous un ciel partiellement nuageux. La rivière calme coule au premier plan, reflétant les structures et les arbres. Un pont est visible à droite.

Paris est une ville qui, contrairement à d’autres métropoles européennes comme Londres en 1666 (incendie), Lisbonne en 1755 (tremblement de terre) et Berlin en 1945 (seconde guerre mondiale), n’a jamais été détruite.

Aussi, Paris présente un mélange riche d’époques et de styles architecturaux, variant des bâtisses de l’Ancien Régime aux immeubles haussmanniens, en passant par les tours des années 1970 et les nouvelles constructions éco-responsables.

On reconnaît généralement les facades des immeubles haussmanniens, voire Art Déco et Art Nouveau mais il y a d’autres types de construction moins connues : bâtisses du XVIIIème siècle comme l’Ecole Militaire, le Ministère de la Marine, le Panthéon, le théâtre de l’Odéon ou d’époque Renaissance (fin du XVème au début du XVIIème siècles) comme l’Eglise Saint-Eustache et la Tour Saint-Jacques. 

Bien que les grands travaux d’urbanisme d’Haussmann aient changé profondément le visage de la capitale au XIXème siècle, il est important de noter qu’au cours du XVIIème siècle, il y a eu de grandes évolutions urbaines.

En effet, l’immense incendie de Londres qui a eu lieu en septembre 1666 et détruit près de 13 000 maisons en quelques jours, a fait prendre conscience d’un tel danger dû aux matériaux utilisés : le bois surtout, «l’ enduit » de terre,  la chaux et le sable. Les quartiers populaires de Paris étaient alors exposés à ce danger. Lors du XVIIème, on interdit alors de nouvelles constructions en bois en imposant d’utiliser de la maçonnerie. Les anciennes masures sont quant à elles recouvertes de plâtre afin de mieux résister au feu. 

À cette époque, Paris conserve encore un fort héritage médiéval et reste une ville étroite et sombre. Les parcelles peu larges imposent de construire les habitations tout en longueur et en hauteur.

L’architecture est étroitement liée à l’histoire des quartiers et des arrondissements

Souhaiter un appartement haussmannien dans le Marais ou doté d’une terrasse est mission quasiment impossible! Lorsqu’on désire acquérir un bien, il faut à minima être conscient de l’histoire de Paris. Un chasseur immobilier saura vous guider dans vos choix en fonction de vos sensibilités. Le vieux Paris et le Marais en particulier, concentrent de nombreux édifices datant du XVIIème et XVIIIème siècles. En revanche, les immeubles des arrondissements extérieurs (du 12ème au 20ème) ont été principalement construits ces 150 dernières années. Il suffit de consulter la carte réalisée par BatiParis qui informe quant aux différentes périodes de construction des édifices parisiens. On a plus de chance de tomber sur une facade Renaissance dans une petite ruelle du 4e arrondissement que dans une grande avenue du 15e !

La rue François Miron dans le Marais,  est instructive car c’est un concentré des différents types d’architecture qu’a connu Paris au fil des siècles. 

On y trouve des édifices construits dans les années 1730 et représentatifs de l’architecture en vigueur sous Louis XV : façade sobre mais travaillée, des fenêtres en courbes pourvues de garde-corps en fer forgé minutieusement travaillé et un haut rez-de-chaussée à arcades.

Il y a aussi deux habitations à colombage érigées en 1644, reprenant la structure typique des maisons populaires du Moyen-Âge.

Mais également un hôtel particulier emblématique de l’architecture haut de gamme du XVIIIe siècle : une ferronnerie florissante, des sculptures de façades en pierre, une porte cochère majestueuse et de hautes fenêtres.

Des immeubles de rapport du XIXe siècle, entrecoupés de quelques anciennes maisons du XVIIe siècle, reconnaissables à leur étroitesse et côtoyant des immeubles modernes du XXe siècle.

Les encorbellements : vestiges du vieux Paris

Les encorbellements (saillies en surplomb sur le nu d’un mur qui consiste en une bâtisse qui est en avancée sur la rue, typique de l’architecture médiévale en pan de bois ou colombage), très présents au Moyen-Âge et à la Renaissance, ont été interdits en 1667 pour des raisons de sécurité et de salubrité. Cette réglementation aura cours jusqu’en 1882, date à laquelle les saillies sont à nouveau autorisées, à condition d’être situées à plus de 6 mètres du sol. Ainsi, une façade présentant un encorbellement situé à moins de 6 mètres du sol aura été érigée avant 1667 tandis qu’une façade dotée d’un large balcon ou d’une loggia située au-dessus de cette limite datera forcément d’après 1882.

Dès le xvii siècle et durant tout le xix siècle, on plâtre les façades des maisons anciennes à pans de bois afin de répondre à la réglementation et de leur donner un aspect plus luxueux et moderne. 

Le matériau utilisé reflète l’époque de construction


– Le plâtre :

Dans les quartiers les plus anciens de Paris, les façades en plâtre sont presque toujours associées aux maisons du XVIIe siècle construites en pans de bois. En effet, suite au terrible incendie de Londres de 1666,  Louis XIV a imposé que toutes les maisons soient recouvertes de plâtre, un matériau particulièrement résistant au feu. 

Mais le plâtre a été aussi utilisé comme enduit de recouvrement et de protection pour des bâtisses beaucoup plus récentes (XIXe ou XXe siècle) que l’on trouve dans les arrondissements périphériques en ile de France qui sont plus récents. En effet, en 1860, sous l’impulsion du Baron Haussmann, de 12 arrondissements Paris est passé à 20, en grappillant le territoire de onze villages des faubourgs jusqu’aux fortifications édifiées par Thiers en 1844. Ces quartiers parisiens qui furent des villages, ont une atmosphère encore liée à leur passé : Montmartre, Batignolles, Passy, Auteuil, Bercy, Belleville, Ménilmontant, La Chapelle, Charonne, Grenelle, La Villette, Vaugirard… 

– La pierre, la brique et l’ardoise :

Le style Louis XIII au XVIIème siècle assortissait ces matériaux pour des raisons ornementales pour les bâtisses de propriétaires nobles et aisés. Pour exemples : la Place des Vosges (la plus ancienne de Paris dont la construction a été débuté sous Henri IV), l’hôpital Saint-Louis.

– La pierre de Saint-Maximin ou pierre de taille : 

Les façades du XVIIIème, XIXe et du début du XXe siècle sont en pierre de Saint-Maximin. Cette pierre provenant des carrières de la commune de Saint-Maximin dans l’Oise, était auparavant réservée aux hôtels particuliers et aux monuments prestigieux comme le Louvre, l’École Militaire ou le Palais Bourbon. C’est sous Napoléon III et le Baron Haussmann au Second Empire que son utilisation a été étendue aux immeubles.

– La brique, le fer, la céramique, le carrelage :

Alors que la brique était très utilisée dans les anciens quartiers ouvriers de Paris, le mélange de divers matériaux est caractéristique des  architectures Art Déco et Art Nouveau.

L’art Nouveau, style surprenant, date des années 1890 à 1910. Une vingtaine d’années durant lesquelles des architectes de génie rivaliseront de créativité pour réaliser toutes sortes d’immeubles, hôtels particuliers et édifices publics : lignes courbes et sinueuses à n’en plus finir,  ornementations et travail de ferronnerie inspirés du monde végétal, adoption de la mosaïque et de la pierre de taille comme principaux éléments de façade.

Certaines bâtisses parisiennes témoignent de ce style comme : 

– le Castel Béranger au 14 rue La Fontaine dans le 16ème, édifié par Hector Guimard qui est considéré comme l’immeuble fondateur de l’article Nouveau

– le bâtiment du 124 rue Réaumur, caractéristique des constructions industrielles Article Nouveau.

– L’immeuble du 14 rue d’Abbeville dans le 10ème, dont la façade est abondamment décorée de motifs de végétation, de plantes grimpantes, de chauve-souris et de figures fantastiques. 

– L’entrée de la bouche de métro Porte Dauphine (ligne 2).  

Le style Art Déco (années 1910-1930) est une architecture dont le béton et la brique sont les matériaux typiques. L’art Déco fut beaucoup utilisé pour tous les édifices évoquant les loisirs : théâtres, cinémas, boutiques. Pour exemples : les Folies Bergères, le Casino de Paris,  le Théâtre des Champs-Elysées, le Grand Rex.

On retrouve aussi ce style à Boulogne-Billancourt, dont les nombreux hôtels particuliers et villas dans la rue du Belvédère et l’avenue Robert Schumann.

– Le béton et le verre : 

La pierre de taille, devenue trop coûteuse, a été presque totalement remplacée par le béton à partir des  années 1940-1950. Aujourd’hui, la plupart des constructions sont construites avec ce matériau, ou en moellon, une pierre calcaire plus tendre et moins chère que la pierre de taille. Souvent, elles sont recouvertes de plâtre et de peinture. Le verre, tout comme le béton, occupe une place prédominante au XXème et XXIème siècles, notamment dans les grandes tours de La Défense.  

– Les toits parlent également : 

À Paris, un toit-terrasse correspond à une construction du XXe ou XXIe siècle. Un toit à pignon (toit avec 2 versants) sur rue est caractéristique des plus anciennes facades parisiennes. Un toit gris clair en zinc (matériau peu cher et facile à découper) date souvent du XIXe siècle. Le zinc très léger  permet d’éviter de lourdes charpentes et donc de créer de l’espace pour les chambres de bonne. Enfin, un toit gris foncé en ardoise sera plutôt caractéristique des constructions du XVIIIe siècle.